À demi nu, le corps couvert de peintures, de perles et de pendants barbares, et aussi d'une foison d'escarres laissées par les batailles, je devais sûrement ressembler à quelque chose venu tout droit de l'aube sauvage des temps... Et quoique je ne me fusse point
regardé en une glace depuis plus de mois que je n'en avais pu compter, je savais que je devais présenter une mine véritablement barbare, avec des yeux durs et féroces, la chair rare et chaque pouce de mon corps durci et boucané par l'orbe impitoyable du soleil tropical. L'Anglais que j'étais avait présentement bien brûlé.

Dix années ont passé depuis ce jour où Andrew Battell s'embarqua
en quête de richesses, dix années qui ont vu s'estomper ses rêves de rejoindre les côtes anglaises, et ses illusions sur la nature humaine. Tombé en esclavage, oublié de tous, trahi par les Blancs, c'est auprès de la tribu cannibale la plus féroce d'Angola qu'il reconquiert liberté et fierté.
Ses cheveux d'or ont blanchi, mais sous la peau blanche, le cœur est noir. Envoûté jusqu'aux profondeurs de l'âme par ces cieux d'un autre monde, toutes ses notions de l'honneur, du Bien, du Mal et même du plaisir s'évanouissent.
Retracée par un grand romancier américain, l'authentique odyssée d'un marin anglais à qui l'Afrique fait peu à peu battre les tempes et le cœur.