Album Cocteau
. Iconographie commentée
Gallimard
Parution
«Un portrait de Cocteau est toujours mouvant. Comme le nu descendant l'escalier. Il ne cesse de fuir l'objectif pour le subjectif. Quant à l'adjectif, "les poètes doivent le craindre comme la peste" : d'où le galbe ingresque de sa phrase, le trait sans remords de ses dessins, le fil de sa conversation et le "bruit latin" de sa prose, comme disait Jules Lemaître. [...] Certes, il y a des photos, mais elles montrent un museau de renard, des doigts d'escamoteur : cet incube dont Breton redoutait la succion aura vidé de son sang un siècle qui en versa des seaux. Habillé de couleur du temps, il a l'air d'un cadavre exquis. Mais il résiste à l'autopsie. De fait, où inciser ? Corps magnétique, Cocteau s'avance couvert d'inventions, comme le saint avec ses attributs, "la crasse calomnieuse dont je suis recouvert". Saint martyr, donc : on lui a planté tant de clous un peu partout qu'on dirait une idole votive. Comment expliquer pareil phénomène ? François Mauriac propose une définition pour le Larousse du futur : "Cocteau (Jean), né en 1889, ubiquiste français."»
Pierre Bergé.
Pierre Bergé.