Les aphorismes de Zürau

Aforismi di Zürau
Trad. de l'allemand (Autriche) par Hélène Thiérard. Édition de Roberto Calasso
Précédé de En marge et suivi de La splendeur voilée par Roberto Calasso, traduit de l'italien par Jean-Paul Manganaro
Collection Arcades (no99)
Gallimard
Parution
Entre 1917 et 1918, Kafka séjourne huit mois chez sa sœur Ottla à Zürau, dans la campagne de Bohême. La tuberculose s’est déclarée, et crée chez l'écrivain dans sa retraite une intimité nouvelle avec l’idée de la mort. C’est durant cette période que sont nés ces «aphorismes» étranges et déroutants : alors que Kafka avait coutume de remplir des cahiers d’écolier d’une écriture serrée, ici au contraire il dispose une phrase, un paragraphe tout au plus, sur de petites feuilles volantes. Tout le reste de la page, étonnamment vide…
À l’initiative de Roberto Calasso, ces aphorismes de Zürau sont livrés pour la première fois à une lecture telle que Kafka aurait pu la souhaiter. Quoiqu’il ait presque toujours répugné à la publication de ses textes, il est certain que cette disposition singulière était destinée à faire briller l’éclat foudroyant de sentences venues des abîmes. Car ses pensées y sont vertigineuses, parfois oraculaires, échappant toujours à l’explicitation univoque mais suscitant sans cesse la nécessité d’une méditation essentielle : le bien et le mal, le corps et l’esprit, le courage et la fuite, le chemin et le cercle, la création et la mort. Autant de motifs qui parcourent son œuvre, mais ciselés ici à l’extrême, douloureux et resplendissants comme des pointes de diamant, regard d’un «œil qui simplifie jusqu’à la désolation totale». Mais cette désolation est pour Roberto Calasso une «splendeur voilée».