Baudelaire, violence et poésie

Gallimard
Parution
Que peut aujourd'hui la poésie - devant les fureurs de l'histoire, les souffrances des victimes, l'aridité métaphysique du temps présent - quand les sociétés, ayant perdu confiance en ses témoins, se sont détournées d'elle ? Quelle est la nécessité et quelle est la légitimité de la poésie, quand Baudelaire lui-même à la fin perdit la parole, attestant que perdre la parole est le fait moderne par excellence ?
Mais Baudelaire posant cette question somme son lecteur d'y répondre en personne : de la reprendre où ses poèmes la laissent et de vouloir, avec lui, qu'à la fin de la poésie dans l'aphasie, personnelle ou collective, réponde une autre fin dans l'amour. Car il y a de la violence dans le langage, ce que le poème qui la reconduit peut au moins savoir - faisant de la poésie une recherche de ses propres conditions -, et il y a, plus précisément, un meurtre au fond des mots, que le poème qui en dérive peut aussi révéler - faisant de la poésie, autant qu'un drame sacrificiel, un acte de compassion pour la victime des mots.
Ce livre où sont lus Le Spleen de Paris, Pauvre Belgique !, deux poèmes de la Correspondance et Les Fleurs du mal est consacré à la passion de Baudelaire : à sa dénonciation - éthique excédant l'esthétique - de la violence intérieure à la poésie, pour rendre enfin possible, au-delà des poèmes, une parole délivrée.
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