L'Ère de l'individu
. Contribution à une histoire de la subjectivité
Collection Bibliothèque des Idées
Gallimard
Parution
La culture moderne n'en a jamais fini de dissiper le mystère qu'elle constitue pour elle-même. Deux schémas principaux inspirent aujourd'hui cette autoréflexion de la modernité. Dans la mouvance de Heidegger, les Temps modernes assurent le règne sans partage du sujet au sein d'un univers réduit à être objet de maîtrise et de possession. Selon une inspiration tocquevillienne comme celle, en particulier, de Louis Dumont, c'est l'individualisme qui, rompant avec la domination traditionnelle du collectif, sert de fil conducteur omni-interprétatif. Ces lectures ont pour point commun de rendre la modernité homogène, assimilée au «tout-sujet» ou au «tout-individu». Et surtout, elles occultent la césure qui brise l'histoire du sujet moderne en infléchissant l'humanisme vers l'une de ses figures possible, problématique et évanouissante : l'individualisme.
L'archéologie de cet énigmatique déplacement conduit Alain Renaut jusqu'à Leibniz. Là s'est décidée une profonde mutation : l'affirmation de l'individualité devient soudain compatible, au prix d'un dispositif intellectuel inédit, avec celle d'une rationalité du réel. Une culture de l'indépendance où chaque être, ne se souciant que d'accomplir sa nature, contribue à manifester l'ordre du monde, se greffe sur la valorisation de la raison.
Ainsi débarrassée des fausses linéarités, la logique de la modernité apparaît sous un jour neuf : loin d'avoir sans cesse consolidé le pouvoir de la subjectivité, elle a été aussi le lieu de son éclipse...
L'archéologie de cet énigmatique déplacement conduit Alain Renaut jusqu'à Leibniz. Là s'est décidée une profonde mutation : l'affirmation de l'individualité devient soudain compatible, au prix d'un dispositif intellectuel inédit, avec celle d'une rationalité du réel. Une culture de l'indépendance où chaque être, ne se souciant que d'accomplir sa nature, contribue à manifester l'ordre du monde, se greffe sur la valorisation de la raison.
Ainsi débarrassée des fausses linéarités, la logique de la modernité apparaît sous un jour neuf : loin d'avoir sans cesse consolidé le pouvoir de la subjectivité, elle a été aussi le lieu de son éclipse...