Au-delà du nationalisme

Collection Blanche
Gallimard
Parution
N'appartient plus au catalogue de l'éditeur depuis 
1992
Séparées l'une de l'autre, dressées l'une contre l'autre, la conscience nationale et la conscience révolutionnaire ne sont pas plus l'une que l'autre les forces dialectiques de la création du futur, elles ne sont que les stériles produits de désagrégation d'une société finissante. La conscience nationale devient conservatrice, c'est-à-dire qu'elle associe stupidement à l'effort pour perpétuer la réalité nationale l'effort pour y maintenir la puissance des forces qui la détruisent ; la conscience révolutionnaire se fait anti-historique et antinationale, c'est-à-dire qu'elle travaille à anéantir ce qu'elle veut libérer. Les mots même de «national» et de «révolutionnaire», à tel point ils ont été déshonorés l'un et l'autre par la démagogie, la médiocrité et le verbalisme, ne sont plus accueillis en France qu'avec une indifférence assez semblable au dégoût. Le problème est aujourd'hui de dépasser ces mythes politiques fondés sur les antagonismes économiques d'une société divisée, de libérer le nationalisme de son caractère «bourgeois» et la révolution de son caractère «prolétarien», d'intéresser organiquement, totalement à la révolution la nation qui seule peut la faire, à la nation la révolution qui peut seule la sauver.