L'expérience poétique
Collection Blanche
Gallimard
Parution
Une philosophie pour les sciences existe. Il n'en existe pas pour la poésie, notait Lautréamont en 1870. On sait que cette remarque n'a pas cessé d'être vraie.
Est-ce à dire que la poésie ne soit qu'une activité gratuite qui se surajoute à toutes les autres, sans pouvoir prétendre à leur portée, et qu'on doive en considérer la pratique comme un luxe intellectuel dont l'homme ne peut attendre la moindre contribution à l'éternel problème de la connaissance? Il semble cependant que la réalité même de la poésie prenne naissance de certaines questions dangereuses que nous réservons d'habitude à nos facuItés de raisonnement, au risque de subir qu'elles se récusent.
S'il est vrai, comme le prétend une antique philosophie, que nous ne sommes par rapport à l'absolu qu'une sorte de rêve formulé par un verbe prestigieux, nous pouvons logiquement en déduire que la structure intime de notre être provisoire correspond analogiquement à celle de la réalité qui l'a conçu. Nous parvenons ainsi à la conception d'un microcosme humain qui possède en puissance les pouvoirs de son auteur.
Puisque les astres et les planètes, aussi bien que les règnes et les races, constituent en quelque sorte les mots d'un vaste poème destiné à illuminer le vide un bref instant, pour nous incalculable, n'avons-nous pas le droit d'espérer que l'étude des conditions de ce que les humains nomment l'art poétique nous permettra de saisir par analogie le mécanisme de l'apparition du monde et de son effacement? Le rapport que nous avons perçu entre le microcosme et le macrocosme nous laisse toute possibilité d'y prétendre.
Est-ce à dire que la poésie ne soit qu'une activité gratuite qui se surajoute à toutes les autres, sans pouvoir prétendre à leur portée, et qu'on doive en considérer la pratique comme un luxe intellectuel dont l'homme ne peut attendre la moindre contribution à l'éternel problème de la connaissance? Il semble cependant que la réalité même de la poésie prenne naissance de certaines questions dangereuses que nous réservons d'habitude à nos facuItés de raisonnement, au risque de subir qu'elles se récusent.
S'il est vrai, comme le prétend une antique philosophie, que nous ne sommes par rapport à l'absolu qu'une sorte de rêve formulé par un verbe prestigieux, nous pouvons logiquement en déduire que la structure intime de notre être provisoire correspond analogiquement à celle de la réalité qui l'a conçu. Nous parvenons ainsi à la conception d'un microcosme humain qui possède en puissance les pouvoirs de son auteur.
Puisque les astres et les planètes, aussi bien que les règnes et les races, constituent en quelque sorte les mots d'un vaste poème destiné à illuminer le vide un bref instant, pour nous incalculable, n'avons-nous pas le droit d'espérer que l'étude des conditions de ce que les humains nomment l'art poétique nous permettra de saisir par analogie le mécanisme de l'apparition du monde et de son effacement? Le rapport que nous avons perçu entre le microcosme et le macrocosme nous laisse toute possibilité d'y prétendre.