La Barbarie de Berlin
. Lettres à un vieux Garibaldien
Trad. de l'anglais par Isabelle Rivière
Collection Blanche
Gallimard
Parution
N'appartient plus au catalogue de l'éditeur depuis
1984
Avertissement de l'éditeur (oct. 1938)
«Définir le vrai sauvage, c'est dire qu'il rit quand il vous frappe, et qu'il hurle quand vous le frappez. Cette extraordinaire inégalité de jugement se retrouve dans tous les actes et dans toutes les paroles qui viennent de Berlin». Raccourcie dans cette formule saisissante, c'est la thèse que développait G. K. Chesterton dans La barbarie de Berlin dont la présente traduction parut en France pour la première fois en 1915.
Chesterton avait écrit ce livre dans le mouvement d'indignation qui souleva l'âme anglaise lorsque les Allemands pénétrèrent en Belgique en 1914 et qui amena la Grande-Bretagne à entrer en guerre contre les Empires centraux. Mais la culture de ce grand écrivain, sa finesse psychologique et sa connaissance des peuples européens ont fait de ce simple cri de colère une analyse pénétrante et permanente de l'esprit allemand, ou mieux, de ce qu'il appelle l'esprit prussien.
Pour Chesterton, en effet, la base de la civilisation occidentale repose sur deux principes admis partout et que l'esprit germanique n'a jamais voulu reconnaître comme valables : le premier principe est l'idée de pacte ou de promesse, le second, l'esprit de réciprocité... La négation de ces deux principes de base a permis aux philosophes allemands de créer cette fameuse métaphysique de la force...
Il en résulte que l'esprit allemand est un foyer perpétuel de tyrannie et d'oppression. «Si fortement s'élèvent tous les instincts du Prussien contre la liberté, qu'il opprimerait les sujets d'une autre nation plutôt que quelqu'un soit privé des avantages de l'oppression»...
Le livre se termine par trois lettres adressées par Chesterton «à un vieux Garibaldien». Il adjure l'Italie qui balançait alors entre l'alliance austro-allemande et la Triple Entente, de se souvenir de sa vieille civilisation romaine, toute entière basée sur la notion du droit. Certes l'esprit de l'Occident est perpétuellement divisé par la grande querelle des Chrétiens et des Libéraux. «Contre le monstrueux parvenu prussien – écrit Chesterton – nous avons à protéger, non seulement nos libertés, mais encore nos querelles. Et la plus profonde des réactions ou des révoltes dont j'aie parlé, c'est la querelle qui a depuis quelque cent ans, et à mon avis de façon fort tragique, séparé les Chrétiens de l'idéal libéral». – «Je vous supplie de tenir hors d'atteinte des mains de ce Fou, la querelle des grands saints et des grands blasphémateurs.»
Il ne nous a paru ni importun, ni inutile de présenter à nouveau au public français cette prophétie pertinente, si efficace, si émouvante. En 1915, Chesterton écrivait : «Nous combattons pour préserver l'Europe d'un avenir germanique». Il serait cruellement ironique de revenir sur l'impuissance de la victoire de 1918 à préserver l'Europe de la menace d'un semblable destin.
«Définir le vrai sauvage, c'est dire qu'il rit quand il vous frappe, et qu'il hurle quand vous le frappez. Cette extraordinaire inégalité de jugement se retrouve dans tous les actes et dans toutes les paroles qui viennent de Berlin». Raccourcie dans cette formule saisissante, c'est la thèse que développait G. K. Chesterton dans La barbarie de Berlin dont la présente traduction parut en France pour la première fois en 1915.
Chesterton avait écrit ce livre dans le mouvement d'indignation qui souleva l'âme anglaise lorsque les Allemands pénétrèrent en Belgique en 1914 et qui amena la Grande-Bretagne à entrer en guerre contre les Empires centraux. Mais la culture de ce grand écrivain, sa finesse psychologique et sa connaissance des peuples européens ont fait de ce simple cri de colère une analyse pénétrante et permanente de l'esprit allemand, ou mieux, de ce qu'il appelle l'esprit prussien.
Pour Chesterton, en effet, la base de la civilisation occidentale repose sur deux principes admis partout et que l'esprit germanique n'a jamais voulu reconnaître comme valables : le premier principe est l'idée de pacte ou de promesse, le second, l'esprit de réciprocité... La négation de ces deux principes de base a permis aux philosophes allemands de créer cette fameuse métaphysique de la force...
Il en résulte que l'esprit allemand est un foyer perpétuel de tyrannie et d'oppression. «Si fortement s'élèvent tous les instincts du Prussien contre la liberté, qu'il opprimerait les sujets d'une autre nation plutôt que quelqu'un soit privé des avantages de l'oppression»...
Le livre se termine par trois lettres adressées par Chesterton «à un vieux Garibaldien». Il adjure l'Italie qui balançait alors entre l'alliance austro-allemande et la Triple Entente, de se souvenir de sa vieille civilisation romaine, toute entière basée sur la notion du droit. Certes l'esprit de l'Occident est perpétuellement divisé par la grande querelle des Chrétiens et des Libéraux. «Contre le monstrueux parvenu prussien – écrit Chesterton – nous avons à protéger, non seulement nos libertés, mais encore nos querelles. Et la plus profonde des réactions ou des révoltes dont j'aie parlé, c'est la querelle qui a depuis quelque cent ans, et à mon avis de façon fort tragique, séparé les Chrétiens de l'idéal libéral». – «Je vous supplie de tenir hors d'atteinte des mains de ce Fou, la querelle des grands saints et des grands blasphémateurs.»
Il ne nous a paru ni importun, ni inutile de présenter à nouveau au public français cette prophétie pertinente, si efficace, si émouvante. En 1915, Chesterton écrivait : «Nous combattons pour préserver l'Europe d'un avenir germanique». Il serait cruellement ironique de revenir sur l'impuissance de la victoire de 1918 à préserver l'Europe de la menace d'un semblable destin.