L'escadron blindé
. Chronique de la période des cultes
Tankovy Prapor
Trad. du tchèque par François Kérel
Collection Du monde entier
Gallimard
Parution
L'Escadron blindé décrit la vie d'un soldat tchécoslovaque en 1953, en plein stalinisme. Cette chronique – ou plutôt cette farce – fait revivre un monde où rien d'humain ne survit plus que dans l'humour, ou dans le désir sans limites de la jeunesse.
Cette satire s'inscrit dans la lignée de Hašek. L'adjudant Smiricky et le cavalier Bamza n'ont pas moins de vérité que le brave soldat Chveik et ses compères, et le commandant Borovicka dit «P'tit Méphisto» est un officier exemplaire à la fois pour le haut degré de perfection auquel il a porté la technique de la «vocifération idéologique» – et par son destin. Dan cet impitoyable tableau de l'époque des cultes – celui de Staline et d'autres « personnalités» plus ou moins éphémères ou locales –, l'armée apparaît en effet comme le miroir de tout le monde extérieur, qui est ici moins décrit que suggéré.
La bêtise «militaire» dépeinte dans ce livre n'est pas seulement l'absurdité inhérente à tout système fondé sur l'obéissance aveugle et la négation du libre arbitre. Elle va de pair avec une tentative systématique d'imposer par la violence un nouveau mode de pensée, et surtout d'expression. La critique de Škvorecký confronte la société au langage artificiel auquel elle veut donner force de loi. Le livre de Josef Škvorecký, écrit en 1954, rejoint par là des œuvres plu récentes de la littérature tchèque où le Pouvoir est visé dans ce qu'il a d'essentiel – son mode d'expression. L'armée semble être le «polygone d'essai» qui se prête par excellence à cette entreprise de subversion de la parole. Mais cette greffe du jargon officiel sur le parler populaire et volontiers scatalogique des hommes est une source incessante de dialogues et de situations comiques d'où surgissent des personnages réels et vivants, aux traits fortement dessinés et au verbe haut en couleur, comme les personnages d'une imagerie et d'un théâtre populaires, fondamentalement cruels.
Cette satire s'inscrit dans la lignée de Hašek. L'adjudant Smiricky et le cavalier Bamza n'ont pas moins de vérité que le brave soldat Chveik et ses compères, et le commandant Borovicka dit «P'tit Méphisto» est un officier exemplaire à la fois pour le haut degré de perfection auquel il a porté la technique de la «vocifération idéologique» – et par son destin. Dan cet impitoyable tableau de l'époque des cultes – celui de Staline et d'autres « personnalités» plus ou moins éphémères ou locales –, l'armée apparaît en effet comme le miroir de tout le monde extérieur, qui est ici moins décrit que suggéré.
La bêtise «militaire» dépeinte dans ce livre n'est pas seulement l'absurdité inhérente à tout système fondé sur l'obéissance aveugle et la négation du libre arbitre. Elle va de pair avec une tentative systématique d'imposer par la violence un nouveau mode de pensée, et surtout d'expression. La critique de Škvorecký confronte la société au langage artificiel auquel elle veut donner force de loi. Le livre de Josef Škvorecký, écrit en 1954, rejoint par là des œuvres plu récentes de la littérature tchèque où le Pouvoir est visé dans ce qu'il a d'essentiel – son mode d'expression. L'armée semble être le «polygone d'essai» qui se prête par excellence à cette entreprise de subversion de la parole. Mais cette greffe du jargon officiel sur le parler populaire et volontiers scatalogique des hommes est une source incessante de dialogues et de situations comiques d'où surgissent des personnages réels et vivants, aux traits fortement dessinés et au verbe haut en couleur, comme les personnages d'une imagerie et d'un théâtre populaires, fondamentalement cruels.