La Face cachée de l'histoire
Die Erdabgewandte Seite der Geschichte
Trad. de l'allemand par Jean et Michèle Tailleur
Collection Du monde entier
Gallimard
Parution
Séparé de sa femme Erika et de sa petite fille Ursel qu'il voit de temps à autre, le narrateur vit à Berlin-Ouest. Il écrit. Du moins, il tente d'écrire afin de trouver une cohérence qui, au fil des jours, lui échappe. Une stupeur, c'est cela sans doute qu'il éprouve devant la vie, devant les autre, face à Maria qui lui joue la comédie de la passion (mais est-ce une comédie?), qui l'accuse de la persécuter (mais n'est-ce pas plutôt lui la victime, qui ne peut se protéger que par le silence ou la fuite), devant les spectacles qui s'offrent à lui, car tout est devenu spectacle, les décors, les objets, les foules auxquelles il se trouve mêlé dans les manifestations de 1968 où son regard, telle une caméra, prend des instantanés, dans un monde éclaté où les êtres s'agitent à la poursuite de biens matériels, discourent avec une passion aveugle ou une vaniteuse assurance. Taxé d'égoïsme parce qu'il ne peut pas «répondre» (aux divers sens du terme), alors qu'il n'est lui-même que questions, plus seul que jamais après la mort de Lasski, le seul ami avec qui il pouvait parler un peu, le héros trouvera peut-être un apaisement provisoire, à l'abri des tumultes et des rumeurs que les hommes cherchent à couvrir de leurs voix et qui sont la face cachée, enfouie, de l'histoire, de leur histoire.