Corps et biens de Robert Desnos (Essai et dossier)
Parution
«On est frappé, dans cette traversée à laquelle convie Corps et biens, par la posture fantomale du sujet lyrique, somnambule, dormeur éveillé, amant transi – au sens que la statuaire médiévale donne à ce mot –, corps errant sans âme, voix impuissante d'un amoureux d'outre-tombe. La voix fulgurante et lucide du revenant désenchanté, qui a dû survivre au désamour de Breton, à la rupture avec le groupe surréaliste, à l'éloignement jamais vaincu de la Dame et au doute quant au pouvoir de sa parole poétique, permet de comprendre l'irréductible force poétique de celui qui, dans les camps de la Seconde Guerre mondiale, invente aux pires instants des jeux, des recettes, des récits de rêves pour ses camarades, trouve l'énergie d'écrire à Youki, sa femme, des lettres rassurantes et tendres, prend parfois des risques inutiles devant l'occupant nazi et les kapos. Sans doute, les revenants ont-ils moins peur de mourir? Desnos dans Corps et biens, traversant les Ténèbres, a fait de cette expérience du naufrage et de la perte qui lui ont gagné en poésie une inspiration renouvelée, dont témoigneront Contrée, Calixto, Le Bain avec Andromède, et le secret du courage qui rend invulnérable.»
Marie-Paule Berranger.
Marie-Paule Berranger.