La Nausée, de Jean-Paul Sartre (Essai et dossier)

Collection Foliothèque (no28)
Gallimard
Parution
«"Un livre n'est rien qu'un petit tas de feuilles sèches, ou alors une grande forme en mouvement : la lecture. Ce mouvement, le romancier le capte, le guide, l'infléchit, il en fait la substance de ses personnages ; un roman, suite de lectures, de petites vies parasitaires dont chacune ne dure guère plus qu'une danse, se gonfle et se nourrit avec le temps de ses lecteurs" (Situations, I). Par ces mots de 1939 qui appartiennent à l'exorde d'un réquisitoire célèbre contre François Mauriac, Sartre insistait pour la première fois (il reviendra sur le sujet dans Qu'est-ce que la littérature?) sur ce qu'on n'appelait pas encore la réception d'une œuvre et sur l'importance de celle-ci dans la constitution de son sens. Qu'est-ce en effet que la postérité, sinon cette suite de résurrections successives, cette création continuée qui relie le geste de l'écrivain à l'activité de ses destinataires?
Qu'en est-il aujourd'hui de la survie de La Nausée? Parvenu plus d'un demi-siècle après sa parution à l'état (enviable?) de monument culturel, le premier roman de Sartre offre un exemple privilégié de cette superposition des lectures qui, en strates successives, arrivent à enrichir un texte de significations multiples. Les approches se sont additionnées, du résumé philosophique à l'étude psychanalytique, de l'analyse textuelle à l'étude de genèse, au point qu'un gros volume ne suffirait pas à rendre compte en détail des étapes de cette réception. [...]»
Jacques Deguy.