Le Massacre des Indiens
Collection Hors série Connaissance
Gallimard
Parution
La civilisation c'est la mort. Au siècle dernier, le génocide a fait place nette dans les immensités des prairies et des montagnes du Far West, ce qui a permis aux pionniers blancs de créer le plus formidable empire du monde. Maintenant on assiste au même phénomène dans les matos, les selvas et les serras du Brésil. Là aussi il s'agit de créer un des plus vastes États de l'univers. Les victimes ce sont toujours les Peaux-Rouges. Les armes qui ont été utilisées dans les canyons et les plateaux du Colorado sont employées maintenant en Amazonie et au Mato Grosso, avec des perfectionnements dus aux progrès techniques. On tue les Indiens parce qu'ils n'ont pas la «joie de la fesse» qui permet aux Noirs de survivre, parce que ce sont des hommes totalement libres qui n'acceptent aucune contrainte, pas même l'idée de la mort. On les tue parce qu'ils sont incapables d'entrer dans le jeu de la civilisation.
Au-delà de Rio des Mortes, il n'y a pas que les Indiens qui meurent. Leurs bourreaux meurent aussi. Les garimpeiros chasseurs de diamants, les seringueiros chasseurs de caoutchouc, tous les aventuriers périssent. La civilisation c'est d'abord une avidité telle que tous les hommes s'utilisent et s'exploitent jusqu'à la mort. Tout cela, méthodiquement, dans un système dominé en haut par les meneurs du jeu : les Senhores et les Américains. Même Brasilia qui se veut le symbole de la fraternité des hommes est le monument de leur mort, de la mort des Indiens surtout. Car il signifie le progrès et chaque progrès, c'est d'abord la destruction au sein de cette nature infernale qu'on appelle l'Enfer Vert, l'enfer qui fut pour les Indiens un Eden, aussi longtemps que les hommes Blancs de bonne et de mauvaise volonté ne le souillèrent pas.
Au-delà de Rio des Mortes, il n'y a pas que les Indiens qui meurent. Leurs bourreaux meurent aussi. Les garimpeiros chasseurs de diamants, les seringueiros chasseurs de caoutchouc, tous les aventuriers périssent. La civilisation c'est d'abord une avidité telle que tous les hommes s'utilisent et s'exploitent jusqu'à la mort. Tout cela, méthodiquement, dans un système dominé en haut par les meneurs du jeu : les Senhores et les Américains. Même Brasilia qui se veut le symbole de la fraternité des hommes est le monument de leur mort, de la mort des Indiens surtout. Car il signifie le progrès et chaque progrès, c'est d'abord la destruction au sein de cette nature infernale qu'on appelle l'Enfer Vert, l'enfer qui fut pour les Indiens un Eden, aussi longtemps que les hommes Blancs de bonne et de mauvaise volonté ne le souillèrent pas.