Éditer et pirater
. Le commerce des livres en France et en Europe au seuil de la Révolution
Pirating and Publishing
Trad. de l'anglais (États-Unis) par Jean-François Sené
Collection NRF Essais
Gallimard
Parution
Comment expliquer le pouvoir du livre à l’époque des Lumières si on ignore le fonctionnement de l’industrie de l’édition ? Il importe de savoir que la moitié au moins des livres vendus en France entre 1750 et 1789 étaient piratés.
Du fait des politiques centralisées de l’État, soucieux de surveillance, la Communauté des libraires et imprimeurs de Paris monopolisait les privilèges des livres et ruinait presque toute édition dans les provinces.
En réaction, hors de la capitale, les libraires s’approvisionnaient de plus en plus auprès de maisons d’édition qui produisaient des livres français en des lieux stratégiques hors des frontières du royaume — dans ce que Robet Darnton appelle le « Croissant fertile » : d’Amsterdam à Bruxelles, par la Rhénanie, à travers la Suisse et en descendant vers Avignon, les éditeurs pirataient tout ce qui en France se vendait avec quelque succès.
Grâce à une main-d’œuvre et à un papier peu coûteux, les contrefaçons étaient moins chères que les œuvres produites avec privilèges à Paris. En conséquence, une alliance naturelle se développa entre les libraires de province et les éditeurs étrangers qui razziaient le marché avec un esprit d’entreprise audacieux. Tel fut l’autre visage des Lumières : un capitalisme de butin.
Du fait des politiques centralisées de l’État, soucieux de surveillance, la Communauté des libraires et imprimeurs de Paris monopolisait les privilèges des livres et ruinait presque toute édition dans les provinces.
En réaction, hors de la capitale, les libraires s’approvisionnaient de plus en plus auprès de maisons d’édition qui produisaient des livres français en des lieux stratégiques hors des frontières du royaume — dans ce que Robet Darnton appelle le « Croissant fertile » : d’Amsterdam à Bruxelles, par la Rhénanie, à travers la Suisse et en descendant vers Avignon, les éditeurs pirataient tout ce qui en France se vendait avec quelque succès.
Grâce à une main-d’œuvre et à un papier peu coûteux, les contrefaçons étaient moins chères que les œuvres produites avec privilèges à Paris. En conséquence, une alliance naturelle se développa entre les libraires de province et les éditeurs étrangers qui razziaient le marché avec un esprit d’entreprise audacieux. Tel fut l’autre visage des Lumières : un capitalisme de butin.