Neruda, le voyageur immobile
Première parution en 1973
Trad. de l'espagnol (Uruguay) par Bernard Lelong
Nouvelle édition en 2001
Collection NRF Essais
Gallimard
Parution
Comme certains de ses grands devanciers, comme Hugo, comme Whitman, Pablo Neruda a créé, non seulement un monde poétique, mais aussi une «image» du poète ou, pour parler comme Ezra Pound : une personne. Cette personne poétique est et n'est pas Neftali Ellecér Reyes, nom du poète selon l'état civil. On peut dire que, si la pulsion poétique et l'appétit vital naissent de l'homme Neftali, l'insatiable curiosité en face du monde appartient à «Pablo Neruda», c'est-à-dire au masque du poète, d'où sort la voix qui parle dans chaque poème. «Je suis un autre», avait dit Rimbaud. Les autres, dans la poésie de Pablo Neruda, sont une foule de poètes. De l'adolescent solitaire du Crépusculaire à l'éternel amoureux de La Barcarolle, du héros de la recherche intérieure qui signe Résidence sur la terre au militant acharné d'Espagne au cœur, et plus tard du chantre des grandeurs du Nouveau Monde Nouveau, de l'inépuisable narrateur des Odes élémentaires au poète drolatique de Vaguedivague et au mémorialiste de l'Île Noire.
Dans tous ces avatars, Neruda est autre et le même. Ce voyageur, qui n'est pas seulement le rénovateur de la poésie de langue espagnole au XXᵉ siècle, mais aussi l'auteur d'une e des œuvres les plus monumentales de la poésie universelle, aura vécu sous toutes les latitudes du monde ; mais il ne cesse d'être ancré dans une substance unique, de se retrouver immobile dans le seul espace de sa passion d'enfant du sud pluvieux et froid du Chili : il est le «Voyageur immobile».
Dans tous ces avatars, Neruda est autre et le même. Ce voyageur, qui n'est pas seulement le rénovateur de la poésie de langue espagnole au XXᵉ siècle, mais aussi l'auteur d'une e des œuvres les plus monumentales de la poésie universelle, aura vécu sous toutes les latitudes du monde ; mais il ne cesse d'être ancré dans une substance unique, de se retrouver immobile dans le seul espace de sa passion d'enfant du sud pluvieux et froid du Chili : il est le «Voyageur immobile».