Vérité et véracité
. Essai de généalogie
Truth and Truthfulness
Trad. de l'anglais par Jean Lelaidier
Collection NRF Essais
Gallimard
Parution
Sciences exactes et sciences humaines sont, de nos jours, traversées par des conflits de vérité.
Les uns, affichant leur attachement à la véracité, veulent crever les apparences pour atteindre les constructions et les motivations réelles qui se cachent derrière elles. Ainsi, l'ambition des sciences physiques de dévoiler la vérité serait infondée, eu égard aux forces de la société qui contrôleraient leurs activités : la sociologie de la connaissance serait mieux placée pour dire la vérité de la science que la science ne l'est pour dire la vérité du monde.
À côté de cette exigence de véracité, il existe une défiance tout aussi généralisée à l'égard de la vérité : celle-ci existe-t-elle ou n'est-elle que relative, subjective ? Le soupçon se porte alors particulièrement sur l'histoire : des récits, longtemps présentés comme exprimant la vérité du passé, sont dénoncés comme tendancieux, idéologiques, voire apologétiques. Mais les tentatives faites pour remplacer ces distorsions par «la vérité» se heurtent à leur tour aux mêmes objections. Car toute attaque contre quelque forme spécifique de vérité, historique ou autre, s'appuie sur des propositions qui demandent elles-mêmes à être considérées comme vraies.
Les notions de vérité et de véracité peuvent-elles être refondées solidement afin que notre manière de comprendre la vérité, et les chances que nous aurions de l'atteindre, puisse répondre à notre besoin de véracité ?
Bernard Williams, qui voit là un problème fondamental de la philosophie d'aujourd'hui, nous aide à sortir de ces dilemmes devenus impasses. Pour cela, il raconte une généalogie – celle qui aurait poussé l'humanité, dès ses premières formes d'organisation sociale, et jusqu'aux démocraties contemporaines, à donner consistance à deux grandes notions : l'exactitude et la sincérité.
Les uns, affichant leur attachement à la véracité, veulent crever les apparences pour atteindre les constructions et les motivations réelles qui se cachent derrière elles. Ainsi, l'ambition des sciences physiques de dévoiler la vérité serait infondée, eu égard aux forces de la société qui contrôleraient leurs activités : la sociologie de la connaissance serait mieux placée pour dire la vérité de la science que la science ne l'est pour dire la vérité du monde.
À côté de cette exigence de véracité, il existe une défiance tout aussi généralisée à l'égard de la vérité : celle-ci existe-t-elle ou n'est-elle que relative, subjective ? Le soupçon se porte alors particulièrement sur l'histoire : des récits, longtemps présentés comme exprimant la vérité du passé, sont dénoncés comme tendancieux, idéologiques, voire apologétiques. Mais les tentatives faites pour remplacer ces distorsions par «la vérité» se heurtent à leur tour aux mêmes objections. Car toute attaque contre quelque forme spécifique de vérité, historique ou autre, s'appuie sur des propositions qui demandent elles-mêmes à être considérées comme vraies.
Les notions de vérité et de véracité peuvent-elles être refondées solidement afin que notre manière de comprendre la vérité, et les chances que nous aurions de l'atteindre, puisse répondre à notre besoin de véracité ?
Bernard Williams, qui voit là un problème fondamental de la philosophie d'aujourd'hui, nous aide à sortir de ces dilemmes devenus impasses. Pour cela, il raconte une généalogie – celle qui aurait poussé l'humanité, dès ses premières formes d'organisation sociale, et jusqu'aux démocraties contemporaines, à donner consistance à deux grandes notions : l'exactitude et la sincérité.