Jonas

suivi de Les Ponts de Budapest et autres poèmes
Présenté par Henri Thomas et Denis de Rougemont. Édition des Ponts de Budapest et autres poèmes par Baptiste-Marrey
Nouvelle édition
Collection Poésie/Gallimard (no405)
Gallimard
Parution
Tous ceux qui furent les amis de Jean-Paul de Dadelsen évoquent ses dons, sa culture, son énergie, son humour, sa désinvolture, voire son excentricité : il semble avoir été la séduction même, alliée à l'intelligence la plus vive. Tous aussi découvriront tardivement que l'homme qu'ils croyaient connaître avait mené en secret comme une autre vie, et que sa vraie vocation se révélait soudain au travers de quelques poèmes livrés à la veille de sa mort.
Cette création solitaire, résolument tenue à l'écart de tout, surgit dans le champ poétique sans se soucier des modes, des théories ou des balises alors en usage. Dadelsen «ne vient à la suite de personne, affirme Henri Thomas ; il ne cadre avec rien dans nos Lettres ; ni terroristes ni rhéteurs n'y trouveront leur compte. Nous risquons toujours d'oublier que le génie poétique se moque de nos conformistes errances. S'il nous frappe à l'improviste, ce n'est pas qu'il veuille nous surprendre ; à nous de comprendre qu'il EST».
Si la plupart des poésies de Dadelsen se réfèrent à la dramaturgie chrétienne, ce n'est pas pour témoigner d'une croyance sereine. «Celui qui n'aime assez ni son moi ni Dieu» pressent qu'il a été «craché des ténèbres de la baleine personnelle / sur un rivage vide». Jonas développe ainsi une poétique de la séparation où le réel perçu ressemble souvent à un no man's land. Aucune volonté pourtant chez Dadelsen de se réfugier hors de l'Histoire. Les Ponts de Budapest, poème écrit en 1956, s'achève sur la litanie sarcastique et lucide de tous les massacres de l'époque.