Matière solaire

suivi de Le Poids de l'ombre et de Blanc sur blanc
Collection Poésie/Gallimard (no395)
Gallimard
Parution
Eugénio de Andrade est actuellement le poète le plus populaire au Portugal et, après Pessoa, le plus traduit dans le monde. Il est aussi l'un de ceux qui a su imposer sa singularité en traversant la «galaxie Pessoa» sans demeurer dans la dépendance de ce fabuleux champ d'attraction mentale. Aux vicissitudes, aux drames, aux terreurs de l'identité et du manque d'être, il a substitué l'évidence du désir. Il a inventé un langage du corps, musical et ascétique, sensuel et cristallin, qui transmet, instant après instant, sa façon d'être au monde.

Les doigts jouent avec la lumière de mars
la mort n'a pas de prise sur le corps
lorsqu'on tient le soleil endormi dans ses bras.


Le corps, pourtant, est un dieu périssable, et ayant célébré cette «matière solaire» de la beauté physique, Eugénio de Andrade éprouve «le poids de l'ombre» qui, à l'approche du crépuscule, vient parfois ralentir l'élan. Alors, avec une admirable simplicité, il sait doter sa nostalgie des accents de la lucidité, mais sans jamais renier son credo initial : C'est ce qui t'aveugle, le soleil de la peau... Cet éblouissement reste sa vraie lumière.
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