Revue Le Débat

Le Débat a été fondé en mai 1980 par l'historien Pierre Nora, qui anime depuis 1966 le secteur des sciences humaines chez Gallimard. Il est l'éditeur de Raymond Aron, Georges Dumézil, François Jacob, Michel Foucault, Emmanuel Le Roy Ladurie, François Furet, Jacques Le Goff… pour ne citer que quelques noms. Sans oublier Marcel Gauchet, devenu rédacteur en chef de la revue. Le Débat est donc apparu comme l'émanation de ce milieu intellectuel – un instrument indispensable d'analyse et de discussion, à leur meilleur niveau, des grands problèmes et débats du monde contemporain.

Le Débat vu par Pierre Nora :
«Pour qui avait, au début des années 80, le sentiment aigu d'un monde à tous égards nouveau, la tâche était claire : lutter sur deux fronts, contre la réduction médiatique d'un côté, la spécialisation universitaire de l'autre ; maintenir un espace de discussion publique ; défendre et illustrer un travail intellectuel de réflexion et de critique. Ce travail, nous l'avons distribué autour de trois axes : histoire, politique, société.
Histoire, parce qu'un immense travail de sélection critique et d'enregistrement réfléchi s'impose d'un siècle qui, loin de se solder par un bilan tragique et négatif, a le plus profondément et radicalement enrichi la connaissance de l'homme par l'homme et démultiplié sa conscience de lui-même. Et l'affrontement du suivant implique la réinterprétation générale de notre tradition et de notre héritage. Notre avenir appelle l'histoire, si nous ne voulons pas être les orphelins du passé.
Politique, parce que le ralliement général aux valeurs et aux principes de la démocratie n'est pas la sortie de l'histoire. La généralisation de la démocratie est le début de la confrontation concrète à la multitude des problèmes dont personne ne peut prétendre, sauf les démagogues, détenir la solution : de la démocratisation du système politique à la réforme fiscale en passant par la réforme de la puissance publique, de l'État Providence et de l'Université. Le Débat n'a pas arrêté d'en débattre.
Société, enfin, parce qu'une collectivité nationale comme la France, qui ne se vit plus dans le conflit politique et religieux radicalement exterminateur, se doit d'abord, si elle veut apprendre à gérer ses antagonismes, de repérer et de comprendre ses formes nouvelles. Depuis l'attention portée aux nouvelles pratiques de l'individualisme démocratique, comme le sport, la mode, la publicité, la télévision, les loisirs jusqu'aux formes les plus conflictuelles des ruptures sociales : villes invivables, nouvelles conditions de l'exclusion et du conflit des générations, contradictions de l'économie et affrontements nés de l'immigration.
Un tel type de travail, modeste et de longue haleine, loin de toute attitude sectaire, prophétique, partisane, étroitement militante et purement protestataire, suppose la convocation et l'analyse de tous les éléments qui permettent d'essayer de comprendre un monde de plus en plus compliqué, et, en fournissant des clés d'intelligibilité, d'en permettre la maîtrise. À l'urgence de l'engagement s'est substituée, pour nous, la priorité du jugement. Le refus de l'engagement politique partisan n'est que le produit d'une volonté de responsabilité civique.»
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