Un mythe politique : la «République juive»
. De Léon Blum à Mendès France
Gallimard
Parution
N'appartient plus au catalogue de l'éditeur depuis
2010
L'antisémitisme en France est une tradition double.
Il dénonce, comme dans les autres pays, l'argent, le nomadisme, les perversions sexuelles, le cosmopolitisme supposés des Juifs. Cet antisémitisme a trouvé son héraut en la personne d'Édouard Drumont, auteur de La France juive (1886), qui eut jusque de nos jours d'innombrables émules.
Mais la France est un pays d'État fort. La Révolution, par le même mouvement où elle fonda la toute-puissance de l'État, émancipa les Juifs. La République ne voulait plus connaître que des citoyens, égaux devant la loi, dont la promotion serait l'œuvre de leurs seuls mérites, mais qui devraient, en contrepartie, refouler hors de la sphère publique, dans la stricte intimité de leurs convictions personnelles, leurs particularismes culturels, linguistiques, religieux. Nombre de Juifs, acceptant le cadre particulier du franco-judaïsme, bénéficièrent en retour de l'émancipation par l'État, par le haut fonctionnariat et le service public.
L'antisémitisme traditionnel s'en prenait au Juif de Cour - suspecté de fomenter en coulisse les plus noirs complots. Désormais, l'antisémitisme politique, appelant à rompre le pacte républicain et à abattre l'État lui-même, dénoncera le Juif d'État - accusé de liquider les intérêts d'une vraie France éternelle. Au mythe de la «France juive» répond en d'autres milieux celui de la «République juive».
Il dénonce, comme dans les autres pays, l'argent, le nomadisme, les perversions sexuelles, le cosmopolitisme supposés des Juifs. Cet antisémitisme a trouvé son héraut en la personne d'Édouard Drumont, auteur de La France juive (1886), qui eut jusque de nos jours d'innombrables émules.
Mais la France est un pays d'État fort. La Révolution, par le même mouvement où elle fonda la toute-puissance de l'État, émancipa les Juifs. La République ne voulait plus connaître que des citoyens, égaux devant la loi, dont la promotion serait l'œuvre de leurs seuls mérites, mais qui devraient, en contrepartie, refouler hors de la sphère publique, dans la stricte intimité de leurs convictions personnelles, leurs particularismes culturels, linguistiques, religieux. Nombre de Juifs, acceptant le cadre particulier du franco-judaïsme, bénéficièrent en retour de l'émancipation par l'État, par le haut fonctionnariat et le service public.
L'antisémitisme traditionnel s'en prenait au Juif de Cour - suspecté de fomenter en coulisse les plus noirs complots. Désormais, l'antisémitisme politique, appelant à rompre le pacte républicain et à abattre l'État lui-même, dénoncera le Juif d'État - accusé de liquider les intérêts d'une vraie France éternelle. Au mythe de la «France juive» répond en d'autres milieux celui de la «République juive».