La Société des vulnérables

. Leçons féministes d'une crise
Collection Tracts (no19)
Gallimard
Parution
«Et si le care devenait, enfin, l’affaire de tous?»

À la racine des inégalités de notre organisation sociale, il y a cette idée qu’une femme, c’est toujours un peu moins légitime, compétent, important qu’un homme. Voilà pourquoi on craint, à chaque soubresaut de l’histoire, que ne se réalise la prédiction de Simone de Beauvoir : «Il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse, pour que les droits des femmes soient remis en question.» De fait, la parole d’expertise et de pouvoir des hommes a repris le dessus durant la crise, alors même que nous redécouvrions que le vaste peuple, aussi indispensable qu’invisible, des travailleurs qui prennent soin des autres était massivement constitué de femmes. De sorte que le combat féministe pour l’égalité peut s’identifier à la défense d’un projet de société qui, au nom de notre vulnérabilité commune, reconnaisse enfin une valeur au travail du soin et à la contribution de chacun plutôt qu’au pouvoir de quelques-uns. Telle est l’éthique démocratique du care.

« Ces "petites mains" de la vie de tous les jours forment la société du "care" que les auteures entendent promouvoir. Une façon de changer de regard dans notre perception de ce qui compte. Et aussi une forme d’alerte pour réfléchir aux inégalités qui divisent nos sociétés et qui risquent de grandement s’aggraver avec la crise actuelle. » Marie Bellati, Les Échos, 16-17 octobre 2020

« Dans ce vif essai, les deux autrices, l'une ancienne ministre, l’autre philosophe, soulignent combien le combat pour l’égalité peut "s’identifier à la défense d'un projet de société qui, au nom de notre vulnérabilité commune, reconnaisse enfin une valeur au travail du soin et à la contribution de chacune plutôt qu’au pouvoir de quelques-uns. » Politis, 15-21 octobre 2020

« Le confinement n’a donné à voir qu’une dégradation des conditions de vie de ces invisibles premier(e)s de corvée. Pire : ces femmes, qui étaient déjà grandement privées de parole, l’ont été encore plus, aussi absurde que cela puisse paraître dans un moment où ce sont elles qui tenaient la société. » Najat Vallaud-Belkacem. Entretien, propos recueillis par Vincent Edin, usbeketrica.com, 7 octobre 2020

« Dans leur opus commun, Sandra Laugier et Najat Vallaud-Belkacem désignent le désastre que ce mundus inversus (un monde de valeurs inversées) produit en détruisant notre héritage le plus précieux, à savoir la protection sociale. […] La modernité aura réussi cette gageure de faire perdurer l’ordre ancien en son sein, notamment en destituant la notion d’utilité sociale, non pour la faire disparaître, mais pour la rendre féminisée et donc gratuite : les bêtes de somme ont disparu, pas les bêtes de soin. » Cynthia Fleury, L'Humanité, 2-4 octobre 2020

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