Les mouches noires

«Marie-Rose referma la porte, resta immobile sur le perron et prit appui sur la rampe de fer. Ses mains étaient moites. C'était la faute de ce soleil, de cet été indien. On se serait cru en plein mois d'août. Encore quelques jours et le froid s'installerait pour de bon, pendant six mois interminables. Cette chaleur avait un goût de sursis ultime. Un sursis que Gabriel ne lui avait même pas accordé quand il l'avait plantée là dans cette ville qu'elle détestait. Un an maintenant que Gabriel Galarneau était parti avec une autre à l'automne au moment où les écureuils se faisaient écraser sur la chaussée. Chez elle, c'était plutôt les hérissons qui se laissaient croquer par les roues sur des nids de feuilles humides. Heureusement qu'elle avait rencontré le docteur Fortier, parce qu'elle ne sortait plus, à cette époque, que pour les écureuils et en pensant aux hérissons...»